
[ La vie d’avant ]
Les uns ont dit « La prochaine fois ce sera chez nous ok? », les autres ont répondu « Ok mais alors la fois suivante chez nous ». Ils sont comme ça mes amis, ils se battent en riant pour donner du plaisir aux gens.
J’ai pensé, vous pouvez bien prévoir ça où vous voulez, chez les uns, chez les autres ou nulle part, étalés dans un grand jardin ou entassés dans une minuscule cuisine, je m’en fous pas mal du moment que je suis avec vous. On bouffera des chips industrielles ou du gigot de sept heures, ça me sera bien égal, du moment qu’en levant les yeux de mon assiette je croise les vôtres. Et puis quand sonnera l’heure de se dire bonne nuit, rentre bien et roule pas trop vite, hahaha j’déconne je sais bien que t’as pas pris la voiture pour faire trois cent mètres, quand sonnera l’heure, je serai prête. Plus besoin, comme avant, d’un peu d’ivresse pour noyer un je-ne-sais-quoi d’amertume et tenter de rester dans le moment présent.
Avant, quand il devenait évident que je ne pouvais pas reculer mon départ, j’enfilais ma veste, distribuais des à bientôt déguisés en au-revoir, et je rentrais. C’est sur le chemin du retour que se faisait la transition : quelque part sur un des trottoirs du quartier, en regardant mes pieds, ou les étoiles, je laissais à contrecœur une partie de moi-même derrière moi, je levais la tête, fronçais les sourcils et serrais les poings pour affronter ma vie de devant. J’aurais tant souhaité marcher à l’envers, ces soirs-là. Si tu regardes bien, quelque part sur ces trottoirs, tu devrais pouvoir encore trouver des morceaux de moi. Tombés entre mes deux mondes.
Aujourd’hui, ce n’est plus ainsi. Lorsque je fais ce chemin, mes poings ne se serrent plus. Les étoiles, c’est pour toujours, et si je regarde mes pieds c’est pour éviter les flaques.
Très touchant, magnifique texte!
Merci !! 💕
Je t’aime fort ma fille….
voilà, voilà j’arrive
sur le chemin de tes écritures
belle journée bisous