Les humains sont cette chose étrange

© JJK

[ Avril 2020 – la tempête ]

Le monde est calme : nous le laissons, bien malgré nous, respirer un peu. On va se poser un peu. Souffle, petite Terre ; profite du silence, du ralenti, et réveille tes instincts. Une partie des humains est prête à enfin te regarder dans les yeux. Une partie des humains t’attend comme le nourrisson attend le sein de sa mère, et se bat pour te protéger avec la rage d’un parent qui part au feu pour sauver ses petits. Des hommes et des femmes s’unissent et choisissent le fil qui les relie. Ils font résonner tes cris silencieux en tentant de les rendre assez forts pour être entendus de tous, et souvent, le soir, ils fredonnent une chanson douce au creux de tes racines comme pour te promettre que le combat reprendra demain. Ceux-là t’aideront à te relever et je parierais que tu leur rendras au centuple.


Le monde est fou : on s’écharpe, on s’insulte, on crie plus fort que l’autre. Qu’ils se taisent. Qu’ils parlent. On veut savoir. Effrayez-nous plus fort, que l’on puisse cogner sur quelqu’un. Sachez, ne sachez rien. Oublions. Espère, mais pas trop. J’ai raison, j’ai tort, je vous l’avais dit ? Crache-moi au visage ton savoir insolent. Mensonges. Manipulez-vous. Bande d’imbéciles. Consommez, reconsommez, vite vite. Regardons le monde d’en haut, on se prendra pour des dieux, n’importe lesquels pourvu qu’ils soient puissants. Chacun sa merde chacun pour soi, écrasons les faibles, entretuez-vous, et que le dernier survivant claque la porte sur sa propre tête. L’autre partie des humains ne cherche pas de repos et se fiche bien de savoir où elle vit et ce qui la nourrit. Tremble, petite Terre : ceux-là ne t’ont pas encore vue, ou ont passé leur chemin en regardant leurs pieds. Ils ne savent pas qu’en réalité ils marchent à reculons, et ne voient pas le ravin derrière eux.


Parfois, parfois, ce sont les mêmes tu sais. Les humains sont cette chose étrange, comme un gros paquet de vie tiraillée entre deux mondes, et aucun d’eux n’est entièrement juste ni entièrement faux. Il t’en faudra du courage, petite Terre, pour débroussailler tout ça.

Le monde est fou ? Le monde est calme ? Le monde est ce que l’on en fait. La Terre, elle, continuera, avec ou sans nous.

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